Hans-Jürgen Greif, rencontre d’un donateur

Entrevue avec Hans-Jürgen Greif, donateur à l’Université Laval
Professeur émérite, chercheur et écrivain

Par Julien Lachapelle, Rédacteur - Fidélisation et reconnaissance
La Fondation de l'Université Laval - Développement et relations avec les diplômés
Février 2022

QUAND LA PHILANTHROPIE ET LES ARTS SE RENCONTRENT

Chercheur, écrivain, professeur émérite après 35 ans d’enseignement et de recherche à l’Université Laval, Hans-Jürgen Greif a un parcours aussi riche que mouvementé: en 1969, il a quitté son Allemagne natale pour s’établir à Québec, décision qu’il n’a jamais regrettée. Retraité mais loin de rester inactif, M. Greif vient de faire un don important à l’Université Laval en offrant sa collection d’œuvres d’art aux collections, rattachées à la Bibliothèque.

Depuis son arrivée, M. Greif est fasciné par le foisonnement dans l’art pictural au Québec. En fait, deux grandes passions l’habitent depuis sa jeunesse: la littérature et l’art pictural. Auteur notamment de nombreux articles et essais uni­versitaires, il a constitué une importante œuvre littéraire, qui compte à ce jour onze romans et quatre recueils de nouvelles, tous écrits en français et traduits en plusieurs langues. M. Greif nous confie qu’il travaille en ce moment à son prochain roman qui s’insère dans la thématique de son œuvre, basée sur la tolérance et la compréhension de l’Autre. Parallèlement à ses activités littéraires, il poursuit son intérêt soutenu pour l’art pictural et la philanthropie.

Ce qu’on laisse derrière soi

À 80 ans, Hans-Jürgen Greif tire le bilan de sa vie. «Il est temps pour moi de redonner à la société qui m’a accueilli». Il ajoute : «En évaluant ce que j’ai pu accomplir, je vois mieux ce qui devrait rester après mon séjour sur la Terre. C’est cette pensée qui me pousse à m’impliquer fortement dans la philanthropie, l’art et la littérature.» Il explique: «Les œuvres des grands artistes restent. Nous les possé­dons pendant un bref moment puisque nous ne faisons que passer.» C’est pourquoi M. Greif a fait don de sa collection d’œuvres d’art à l’Université Laval. Son geste représente en tout 37 tableaux remarquables de peintres importants, acquis et rassemblés au cours de sa vie.

«L’argent n’appartient à personne. Il prend le chemin qu’on lui dicte.»

Dans sa perception de la philanthropie, M. Greif considère sa passion comme un legs qui lui survivra: «J’ai longtemps réfléchi à comment préserver la cohérence de cette col­lection, où chaque œuvre correspond avec les autres, peu importe l’époque de création. Si elles étaient dispersées aux quatre vents, le travail d’une vie serait oblitéré. Cepen­dant, remettre l’ensemble à un établissement comme les collections de l’Université Laval, accessible aux chercheurs et aux étudiants, demeure à mon avis la meilleure façon d’assurer sa pérennité.» Autrement dit: M. Greif souhaite laisser l’art en héritage, une collection entière et intacte, dans un lieu géré professionnellement.

Il poursuit: «Vous savez comme moi que l’argent n’appar­tient à personne. Il prend le chemin qu’on lui dicte. Après notre mort, il évolue au hasard du temps. Personne ne peut retenir l’argent, sauf si on établit à temps des mécanismes qui le dirigent là où l’on veut qu’il aille. Je sais qu’en acceptant ma collection, l’Université Laval en fera un usage qui correspondra en tous points à ma volonté.»

Pour la pérennité des œuvres

Si M. Greif a choisi l’Université Laval pour son don planifié, c’est aussi parce que dans ses engagements financiers passés, il a pu spécifier la destination des fonds octroyés et être témoin du résultat. «En donnant depuis longtemps mon appui à la Bibliothèque pour l’achat de livres de lit­térature française moderne, je sais à quelle fin mes fonds sont utilisés. En m’adressant aux collections de l’Univer­sité, et surtout en suivant les excellents conseils de la conservatrice, j’ai non seulement compris la qualité des soins qu’il faut donner aux œuvres, mais aussi le besoin de conserver et de restaurer les tableaux endommagés. J’ai l’intention de continuer à aider financièrement ce secteur qui me tient très à cœur.»

Les dons de Hans-Jürgen Greif sont à l’image de sa carrière, de son parcours intellectuel et de son engagement envers la société québécoise. Sa contribution aux collections de l’Université Laval lui permet d’immortaliser cette passion, aujourd’hui et au-delà de sa vie.

Cet article a été publié initialement dans le Bulletin Pérennia no. 11